Rédigé par Patrick Tejero – RTL . Edité par Florine Boukhelifa

Direction les confins du Gers et du Lot-et-Garonne, à Moncrabeau, pour rencontrer Rémi Laurant. L’ancien industriel, reconverti dans l’apiculture a eu une idée presque folle : faire pousser des emballages. Il cultive du mycélium, des racines de champignons, et le transforme en un nouveau matériau naturel, capable de peut remplacer le carton ou le polystyrène.  Son plus, il retourne à la terre sous forme de compost.

Pendant 30 ans, Rémi Laurant a fait carrière dans l’industrie des matériaux. Après une vie de voyages d’affaires, il a décidé d’élever des abeilles  C’est justement en changeant l’isolant de ses ruches que lui est venue l’idée d’un matériau naturel. Il a choisi des résidus agricoles végétaux comme la rafle de maïs. Pour les relier, les transformer, il a pensé au mycélium des champignons qui pousse tout seul.

« Je cultive l’emballage. Ce n’est pas un effet de style mais bien une réalité. » Rémi Laurant explique qu' »avec ces produits agricoles et les ferments, je crée un mélange actif qui dans le pot va donner une pièce. » Son laboratoire est installé dans la grange de la propriété familiale. Il décrit : « on entre dans la partie avec une ambiance contrôlée avec des températures et taux d’humidité à respecter. Nous sommes dans des processus assez proches de la fromagerie où il faut maturer des produits avec les bonnes bactéries. »

Un matériau naturel aux multiples usages

Quand tout est prêt, il suffit de démouler la pièce qui est directement prête à l’emploi. Pour l’instant, Il fabrique ainsi des emballages pour des bouteilles de vins, des pots de miel ou des plaques isolantes. Mais les applications sont quasiment infinies.

Tout ça grâce à un organisme très mystérieux, le mycélium, la partie souterraine des racines de champignons. L’apiculteur a su le dompter : « pendant quatre jours, c’est la phase de culture donc il développe ses racines. À l’issue de cette étape, je les déshydrate pour arrêter la croissance. » Il aura quand même passé deux ans à mettre au point son procédé.

  • Rémi Laurant estime qu’il en existe des kilomètres cubes sous nos pieds. « Ces racines créent des réseaux entre les plantes pour qu’elles s’entraident et se nourrissent les unes et les autres. De temps en temps, elles donnent un champignon, qui est le fruit du mycélium », explique-t-il. Pour la fabrication, rien de plus simple : « Le moule est défini avec le client pour la forme et les fonctionnalités souhaitées. Je remplis le moule et j’attends que la nature fasse le travail. »
Rémi Laurant, l'éleveur d'emballage
Rémi Laurant, l’éleveur d’emballageCrédit : Patrick Tejero

Cet emballage écologique en fait un matériau d’avenir. Il peut être ciré ou peint, résiste au feu, est isolant thermique et quand on n’en a plus besoin, on le met au compost pour faire pousser des plantes. « C’est effectivement une solution qui coche beaucoup des aspirations du moment : c’est local, naturel et dans l’économie circulaire pure puisque le produit est compostable dans son jardin » assure Rémi Laurant.

Rémi cherche des clients et des investisseurs pour développer son Embelium et espère sortir de sa grange mi-2021. Il pourrait très vite trouver sa place car les emballages des produits bio ne le sont quasiment jamais, alors qu’il y a urgence à remplacer le plastique. Chaque année, 13 millions de tonnes de plastique sont déversés en mer. Si rien n’est fait, il y aura plus de plastique que de poisson dans les océans, d’ici 2050.

 

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